Protégez votre dos !
Le métier de manipulateur en électroradiologie médicale (MERM) est rythmé de déplacements, manutentions, stations statiques assises ou debout (programmation des examens). Bien qu’il existe de nombreuses formations sur la manutention et des outils (planche de transfert, lève-personne, etc..), on ne parle pas assez des postures statiques alors qu’elles sont aussi la cause des nombreux troubles musculosquelettiques rencontrés au sein de notre métier. Cet article vous propose une présentation et quelques solutions pour vous aider à adopter les bonnes habitudes et préserver votre dos.
Les responsables de santé publique prennent de plus en plus en compte les troubles physiques liés au travail que nous appelons les troubles musculosquelettiques :
« Les Troubles Musculosquelettiques (TMS) se manifestent progressivement et peuvent entraîner la perte de fonction d’un système musculosquelettique. Les troubles musculosquelettiques se manifestent par des douleurs et des gênes dans les mouvements qui, sans mesure de prévention, peuvent entraîner à terme une incapacité au travail et dans la vie quotidienne. (…) L’expression « troubles musculosquelettiques » ou TMS regroupe un ensemble de maladies localisées au niveau ou autour des articulations : poignets, coudes, épaules, rachis ou encore genoux. » Ministère du travail, de l’emploi et de l’insertion. Bien que de nombreux facteurs entrent en ligne de compte, nous présenterons ici les facteurs biomécaniques :
- La posture, en dehors de la zone de confort, peut entraîner un étirement ou une compression des structures (norme NF EN 1005-4)
- La force, l’intensité de la force, le type de contraction musculaire, la position articulaire et la distance de prise, la préhension, les caractéristiques de l’objet soulevé
- La répétition
- La durée de l’activité
La combinaison de ces quatre paramètres a plus de chance de conduire à un trouble Musculosquelettique. » Ministère du travail, de l’emploi et de l’insertion.
Dans notre travail quotidien paramédical, nous sommes de plus en plus amenés à utiliser les postes informatiques et nous nous intéresserons durant cet article aux douleurs liées au positionnement lors de ces utilisations souvent répétées tout au long de la journée.
Rappels physiologiques
Le dos, en particulier au niveau de la colonne vertébrale, risque le plus d’atteintes lors de l’utilisation de l’informatique que ce soit articulaire, musculaire ou autre, aigüe ou à terme chronique.
Le dos est constitué de la colonne vertébrale d’une part et des ceintures scapulaire et pelvienne d’autre part, constituant schématiquement un « i » majuscule, de face.
De profil, la colonne vertébrale se présente sous la forme d’un serpent avec trois courbures distinctes : la lordose cervicale, la cyphose dorsale et la lordose lombaire.
La colonne vertébrale est elle-même composée de 33 vertèbres : 7 cervicales, 12 thoraciques ou dorsales, 5 lombaires, 5 sacrées (soudées entre elles) et 4 caudales (le coccyx).
Entre la plupart d’entre-elles , se trouve un disque intervertébral lui-même composé d’un noyau ou nucleus entouré d’un anneau gélatineux. Ces disques jouent un rôle d’amortisseur et d’articulation entre les vertèbres. De nombreux facteurs contribuent à l’usure de ce disque comme par exemple l’âge mais également la répétition de contraintes comme le port de charge, un mauvais positionnement prolongé et répété, …
L’usure de ce disque est à l’origine de nombreuses pathologies et donc de douleurs, telles que le lumbago, les cervicalgies, les lombalgies chroniques, (…) que nous ne développerons pas ici. Afin de maintenir toutes ces structures en place, la musculature joue un rôle important.
Entretien de la structure dorsale
Une pratique physique régulière permet de renforcer la structure musculaire du dos comme par exemple une marche rapide de 1/2 heure quotidienne, la natation, …
Des exercices sur ballon permettent également ce renforcement. De nombreux sites vous donneront des types d’exercices à réaliser.
- Debout, bras tendus vers le haut, étirer la colonne en inclinant les bras vers l’arrière (par exemple)
- Mouvements de la tête
- …
Dans nos métiers paramédicaux, nous avons également la possibilité de nous former à la « manutention des malades », qui permet outre une protection physique et un confort pour le soignant mais également pour le patient.
De nombreux articles de presse nous disent qu’il faut utiliser ses membres inférieurs plutôt que de solliciter notre dos, mais qu’en est-il ?
En effet, fléchir nos membres inférieurs est fort utile mais mal fait, peut avoir des conséquences plus délétères qu’autre chose.
Sur la première photo, les membres inférieurs sont sollicités MAIS l’angle des hanches et des genoux est fermé provoquant une rétroversion du bassin et effacement de la lordose lombaire d’où un impact sur toute la colonne vertébrale. Sur le deuxième photo, l’angle des hanches et des genoux est ouvert, le dos est vérouillé ET les membres inférieurs sont sollicités.
- La triple flexion : il s’agit là de fléchir à la fois les chevilles, les genoux et les hanches pour tous les mouvements verticaux à effectuer. Ces flexions doivent être légères et en aucun cas ne jamais dépasser les 90°. Ex : pour aider un patient à se positionner sur la table d’examen
- le chevalier servant : pour se faire, il s’agit de poser un genou à terre et fléchir l’autre membre inférieur, tel un chevalier demandant sa belle en mariage. Ex : pour dialoguer avec un patient assis ou de travailler sur des postes bas
- les fentes latérales : elles permettent de travailler sur des plans horizontaux, en transférant son poids d’un côté ou de l’autre. Il s’agit de tendre un des deux membres inférieurs et de fléchir l’autre latéralement. Ex : pour aider un patient à se remonter dans son lit
Pour ces trois positions, de manière imagée, nous devons pointer nos fesses vers l’arrière, afin d’éviter toute rétroversion du bassin qui entraîne immanquablement une inversion de la courbure lombaire et donc un déséquilibre global de la colonne.
Positionnement face à un poste informatique
L’idée générale du positionnement est le maintien de la physiologie du dos, à savoir le « i » de face et les 3 courbures de la colonne vertébrale.
- le corps face à l’écran
- les pieds à plat au sol, légèrement écartés à la largeur du bassin
- les genoux et les hanches légèrement fléchis
- les fesses posées en bord de siège
- les avant-bras posés sur le plan de travail (pour éviter de supporter le poids des membres supérieurs)
- les poignets en légère extension (10/20°)
- le regard vers le bas (le haut de l’écran doit être au maximum au niveau de la racine des cheveux)
- affalement devant l’écran, qui entraîne un relâchement musculaire, une inversion des courbures dorsales
- un déséquilibre au niveau de la ceinture scapulaire avec une souris trop éloignée du clavier par exemple
- un déséquilibre du bassin par un siège instable
Quelques solutions
Souvent, dans nos métiers, de nombreux utilisateurs s’installent sur un même poste pour travailler, il est par conséquent difficile d’adapter ce poste de manière personnalisée. Toutefois, des solutions simples peuvent améliorer les conditions de tous.
Chacun d’entre nous possède une morphologie propre et ce qui convient à l’un ne convient pas forcément à l’autre. Nous vous proposons ici des astuces ou des pistes dans lesquelles piocher pour acquérir un confort individuel sur son poste de travail informatique.
- un plan de travail plutôt haut (environ 1m à 1,2m)
- un tabouret classique réglable en hauteur, à roulettes pour faciliter les déplacements entre deux postes, avec repose-pied pour les plus petits d’entre nous, et éventuellement un dossier bas de soutien lombaire
- un tabouret à selle de cheval avec les mêmes caractéristiques que précédemment citées
- un écran réglable en hauteur
- l’utilisation d’un coussin de soutien lombaire, individuel. Il doit être ferme ou à mémoire de forme ou encore à bille afin d’épouser parfaitement les formes du corps
- pour un poste à unique intervenant (ou pour le domicile) un tabouret à-genoux/assis est également une bonne solution
Afin d’éviter les douleurs liées à l’utilisation prolongée statique de l’informatique, dès que le moindre inconfort s’installe (ou de manière régulière), pensez à vous lever pour effectuer quelques pas ou quelques étirements, afin de soulager les contraintes dorsales.
Nous relevons par ailleurs qu’une utilisation prolongée de l’outil informatique entraîne un relâchement de l’utilisateur, et qu’une pause de quelques secondes suffit à pallier à ce relâchement.
Tout ce qui est décrit dans cet article peut paraître contraignant à faire ou difficile à mettre en œuvre quotidiennement, mais s’il est nécessaire de réfléchir à son positionnement dans un premier temps car celui-ci ne paraît guère naturel, il convient de poursuivre afin que se positionner face à un poste informatique devienne naturel et spontané dans un deuxième temps, pour un bénéfice à long terme.
En récapitulatif, dans nos pratiques quotidiennes de professionnels paramédicaux, et afin de préserver notre dos, restons vigilants à maintenir la physiologie de notre corps par des gestes simples ou des installations appropriées.
Maintenant que vous en savez davantage sur le bon positionnement lors d’un travail prolongé sur un poste informatique, n’hésitez pas à vous renseigner sur nos nouveaux cours en Webinaire.