L’échographie : Une nouvelle corde à l’arc des manipulateurs radio
Les temps changent. En France, En 1997, le décret de la profession excluait complètement l’échographie de la pratique des manipulateurs radio, laissant l’exercice exclusif de cette modalité aux médecins.
Les temps changent. En France, En 1997, le décret de la profession excluait complètement l’échographie de la pratique des manipulateurs radio, laissant l’exercice exclusif de cette modalité aux médecins. Aujourd’hui, la France ne recense pas moins 650 manipulateurs diplômés du DIU d’échographie et techniques ultrasonores mention « échographie d’acquisition ». Une centaine d’entre eux se retrouvera au mois de novembre pour les journées d’échographie multidisciplinaires 2023, organisées par la société francophone d’échographie, qui regroupent les différents corps de métier pratiquant cette spécialité. A cette occasion, nous avons décidé de nous attarder un peu sur l’imagerie d’ultrasons et surtout sur le chemin parcouru par la profession pour faire reconnaitre sa légitimité en ce domaine.
Des évolutions permanentes depuis 25 ans
En 2003 le rapport Berland souligne le manque croissant de radiologues en parallèle d’une augmentation toujours plus importante de la demande d’examens d’imagerie médicale. Cette prise de conscience pose alors la question du transfert de compétences entre manipulateurs et radiologues. L’HAS décide donc de lancer en 2006 les premières expérimentations de coopération. Dans 5 services d’imagerie en France, pendant 6 mois, des manipulateurs expérimentent ainsi le recueil d’images échographiques. Après analyse des résultats obtenus pendant cette période, l’HAS se déclare favorable à la coopération entre manipulateurs et radiologues. Cette position est confortée en 2009 par l’Article 51 loi Bachelot 2009 qui définit plus précisément les protocoles de coopérations. Sous l’impulsion des instances de l’imagerie médicale, le DIU s’ouvre aux manipulateurs en 2011 et la mention « échographie d’acquisition » est créée spécialement pour la profession. Enfin 10 ans plus tard, l’arrêté du 19 mai 2021 ratifie dans un extrait du Journal Officiel, l’autorisation du protocole de coopération « Entre médecins radiologues ou nucléaires et manipulateurs d’électroradiologie médicale (ERM) formés à l’échographie, exerçant au minimum 50 % de leur temps de travail dans ce domaine ». Cette évolution est remarquable : en 25 ans, les manipulateurs sont passés d’exclus à officiellement reconnus dans leur pratique de l’échographie.
En ce sens, l’échographie constitue certainement un nouvel axe d’évolution pour les manipulateurs et peut augmenter l’attractivité de la profession. En effet, on parle ici d’un examen clairement opérateur dépendant. Ce niveau de responsabilité est moins perceptible avec les autres spécialités (scanner, IRM, etc.…) mais peut être l’occasion pour un professionnel de se remettre en question et de se poser de nouveaux défis. Gregory, manipulateur en échographie depuis 2019, reconnait qu’en se formant à la discipline, il voulait « être acteur, chercher des pathologies, et ne plus se satisfaire que de faire de la coupe et de positionner des boites. » Il souligne à ce sujet « ressentir plus de fatigue intellectuelle à la fin d’une journée d’échographie qu’à la fin d’une journée de scanner ». Le rapport privilégié avec le patient est bien évidemment un argument supplémentaire, en faveur de cette spécialité.
Sur le terrain, une collaboration à confirmer
Pour autant, si d’un point de vue de la législation les choses semblent se mettre en place petit à petit, des résistances émanant des instances médicales peuvent persister sur le terrain. Lors des stages prévus par le DIU, il n’est pas toujours aisé pour les manipulateurs de se frayer un chemin vers la sonde d’échographie entre les internes et les praticiens chevronnés. Les personnes interrogées rappellent bien pourtant que les manips d’écho ne cherchent pas à remplacer les radiologues, au contraire : là où la télé radiologie, toujours plus présente, semble mettre à mal le binôme manipulateur/radiologue, l’échographie peut le renforcer : la collaboration est très étroite entre les deux professionnels, les radiologues se doivent de toujours valider les images acquises par les manipulateurs.
En outre, si l’arrêté de 2021 a officialisé la situation des manipulateurs échographistes, faisant en sorte que les agents du service public bénéficient d’une prime de 80 euros pour pratique avancée, cette spécialisation ne s’inscrit pas comme année d’étude supplémentaire dans le cursus LMD. « C’est une situation frustrante » nous témoigne Grégory, « nos collègues infirmières peuvent de plus en plus souvent faire valider leurs pratiques avancées par un diplôme de 2è cycle universitaire. » A l’heure où les manipulateurs radio se font rares et où le manque d’évolution qu’offre ce métier reste un frein pour son développement, il ne serait sans doute pas inopportun d’envisager des validations de pratiques avancées (échographie, pose de picc-line…) équivalentes à celles dont bénéficie l’ordre infirmier.
A l’heure actuelle, 60 à 70 manipulateurs sortent chaque année avec en poche, le DIU d’échographie. Cette pratique avancée cherche elle aussi à sortir de la confidentialité : la commission échographie de l’AFPPE publie régulièrement des vidéos à visée pédagogique “Manip to Manip” et les jeunes diplômés sont toujours plus nombreux à s’intéresser à cette spécialité. Leur formation est certainement une ressource conséquente pour optimiser et améliorer la prise en charge de patients toujours plus nombreux.
Pour aller plus loin, Medical Professionals vous accompagne dans l’apprentissage de l’échographie et vous propose de retrouver gratuitement les replays des webinaires d’échographie proposés par nos experts référents.